mardi 3 février 2015

LE 15 MAI 2012 JOURNEE DU CENTENAIRE

Les quatre soeurs de la famille Egalon et moi-même avions prévu de faire la route ensemble. On se faisait une fête de ce voyage, nous voulions répéter toute la route les vieilles chansons apprises à Callenelle, des psaumes, des prières, et d'autres anecdotes bien entendu ! Nous avions des tas de souvenirs à  nous raconter qui en auraient suscité d'autres. Hélas, une semaine avant le départ, un malencontreux accident de voiture a brutalement mis un terme à ce projet,et même très brutalement ! mon mari s'est assoupi quelques secondes et nous avons voltigé dans le décor : l'arrière-train de la voiture fut embouti et le mien aussi, deux petites vertèbres cassées, il ne nous restait plus que des regrets !
Les quatre soeurs sont donc parties joyeusement, après m'avoir promis de me raconter la journée en détails.
En effet, quelques jours après leur périple, j'ai eu la joie de recevoir une belle lettre illustrée de photos, écrite par Claudie.
.... Les semaines, les mois et trois années ont passé. Nous entretenions une petite correspondance. Et puis, de jour en jour des soucis de santé sont venus tracasser Claudie  et un jour, voilà, après quelques mois bien éprouvants, Claudie est partie ...
Nous aurions aimé quelquefois revivre certains épisodes de notre vie de pensionnaire, les bons souvenirs. En voici un : Vous savez toutes comme Mme Ste Claire cultivait notre goût de la musique, Claudie se souvenait comme moi de la ferveur qui se dégageait dans la chapelle le jour du vendredi saint, elle et ses sœurs avaient de très jolies voix et faisaient partie de la chorale. Nous chantions ce jour-là " Les lamentations de Jérémie " avec beaucoup de gravité. Eh bien Claudie me disait que chaque vendredi saint, ( ou presque ) elle lui adressait un petit coucou !
Maintenant, avec sa permission et celle de sa famille, je partage ces quelques lignes où elle raconte   cette journée du 15 mai 2012 avec toute la gaieté qu'on lui connaissait.



Mardi matin 7 heures 30, je descends, Alice a déjà fait le café. Françoise descendue à son tour, elles
partent toutes les deux chercher du pain : le village n'est pas loin. Sitôt leur retour, nous déjeunons.
Bon,il ne faut pas trainer car il faut être à Callenelle à 11 heures, et même avant si possible, il y aura
tant de bonjours à donner ! Nous serons bientôt prêtes,Dans la nuit, il y a eu beaucoup de vent et il a
plu, et cela continue ce matin. Le ciel est assez menaçant, et cela devient un tantinet orageux. Alice se
fait attendre et notre chauffeur, Emmanuelle s'impatiente : elle a avancé la voiture devant la porte.
Notre Alice conforte à chaque fois sa réputation familiale : il faut l'attendre ! Cette fois, c'est
d'autant plus bête, car si elle avait été là en même temps que nous...Nous serions dans la voiture. Trop
tard : une averse de grêlons s’abat à l'instant où nous allions franchir la porte.Il faut attendre que
cela se tasse un peu avant de prendre la route... les parapluies dans le coffre, car, il semble bien que
nous allions encore avoir de la pluie . Il est 10 heures 15.
Martine Leclercq a donné quelques indications à Françoise, et un temps de 20 à 30 minutes de route.
Nous roulons, les « conductrices » ont mis le GPS, mais dans ce dédale d'autoroutes, nous n'allons pas tarder à nous perdre ! Emmanuelle, guère patiente s'énerve assez vite. Elle n'a pas confiance dans le GPS de Françoise... on tourne, on retourne... Bref, au bout d'un certain temps, après nous être fait
indiquer la route par un gentil monsieur du coin, nous trouvons l'indication : Callenelle-Peruwelz. Et
quand nous pointons à l'église, il est... j'ose à le dire, 11 heures 30, Moi, j'avais dit « je ne rentre pas».

Et alors que nous descendions de voiture, qui voit-on descendre de la sienne un peu plus loin ? Claudie Ardeans la meilleure amie d'Emmanuelle, qui venait de Paris, et qui, elle aussi, s'était un peu paumée pour Callenelle.

Nous y voilà !
Bref, on décide de rentrer quand même dans l' l'église, et là, stupeur... un vraie volière ! La messe
était finie , et toutes ces dames piaillaient à qui mieux mieux dans le lieu saint. Vite rejointes par
Martine qui ne comprenait pas notre retard, nous lui avons expliqué nos mésaventures. On a commencé à s'approcher des autres les 4 Egalon et comme la troupe s'avançait vers la sortie, tout en continuant son bavardage, la première que nous saluons est...Madame Ste Jeanne de Chantal, et une fois présentées, ( Colette, tu vas voir qu'elle n'a guère changée) elle me dit : «  j'avais le souvenir d'une jeune fille svelte »...compliment qui fait nettement plaisir, quand tu as vingt kilos de trop ! Fidèle à

celle de ton souvenir, même si cette semaine voit ses 95 ans !!! Nous rejoignons nos voitures, après
quelques rencontres, pour ma part Madeleine Michon, Thérèse Poutrain...Nous sommes attendues au
Château de Callenelle. RV dans l'ancienne salle de récréation, partagée en deux : cela , tu l'as peut-être déjà vu. Par contre, je crois que ce que tu n'as pas vu, c'est l'atelier de Mme St Augustin, Là, tout est refait avec trois grandes baies vitrées mais on ne sait pas ce qu'il y a derrière, Pas beaucoup le temps de s'attarder, il pleut et on a envie d'être au chaud. Quand on rentre, à la place du majestueux escalier qui menait à la chapelle et au dortoir rose, tu montes trois marches, une cloison tout du long avec 2 portes qui mènent a des WC. Sur le côté droit une porte qui permet d'accéder à un petit escalier qui

mène à la chapelle où il n'y a plus rien et au dortoir rose. [A propos de la chapelle, elle va être
entièrement démolie, pour faire place à des chambres. On n'en gardera que les vitraux qui sont très
beaux, pour les remettre dans une nouvelle construction de petite chapelle, qui deviendra un lieu de
culte pour toutes confessions...]
Revenons à notre entrée dans la salle de récré, où le personnel du château nous a préparé l'apéritif,
plusieurs petites tables rondes avec des assiettes de biscuits apéritifs et des verres qui attendent
notre bon vouloir et notre choix pour être remplis par le personnel de la maison très aux petits soins.
Là aussi, les parlottes vont bon train, Martine distribue des badges à notre nom, pour mieux repérer et
être repérée et faciliter les rencontres. Les badges portent également des points de couleur, nous
saurons plus tard pourquoi. C'est vrai que cela a quelque chose de très émouvant tous ces visages où
l'on recherche les ressemblances avec ceux que l'on a connus



Ainsi, je vais rencontrer successivement, Marilène Jansen avec qui nous avons bien parlé, Christine
Loucheur qui porte sur son visage (assez émacié) la preuve d'une maladie qu'elle ne cache nullement
quand on la salue, elle annonce d'emblée qu'elle a un cancer. Marie France Lenfant que je ne reconnais
absolument pas, Francine Ardeans qui ressemble de plus en plus à sa sœur Claudie ! Il y avait aussi
Béatrice Masson : fidèle à elle-même, car je l'ai reconnue tout de suite, mais qu'elle semblait effacée,
timide, toute petite … comme pas à sa place au milieu de tout ce monde ! On ne peut pas trop bavarder,
malgrè tout, car on nous presse d'aller voir l'exposition des photos du Château quand il est devenu un
pensionnat. Car j'ai appris que c'était un château du 18ème siècle que possédait un petit marquis...c'est
tout ce que j'ai pu savoir et je le déplore. Par contre, la liste des différentes supérieures qui se sont
succédées était dans un ordre des plus fantaisistes. Je n'ai pas trouvé cela extraordinaire, mais il était
plaisant de retrouver le pensionnat tel que nous l'avions connu. Et de voir les tranformations qui y ont
été faites. Cette exposition se faisait dans un petit couloir qui jouxtait la deuxième partie de la salle
de récréation, qui elle a été transformée en salle de cinéma : nous étions cordialement invitées à aller
oir cette projection.




Nous avons pu y voir un film sur notre Callenelle après la guerre, avec des photos sur différentes
pièces du pensionnat, tel le grand salon de la Mère Supèrieure où elle recevait les parents, la chapelle
du temps de sa splendeur!C'était très bien fait, très intéressant : il y a même eu des passages de ton
livre Colette. A la fin, était présentée une maquette de ce que seront l'ensemble des travaux qui sont
encore à faire, et RV est pris pour une prochaine visite en 2015 !!!
Martine a fait du beau travail. Quand nous sommes sorties de la projection, on a commencé à parler des photos de groupes...Mais, il pleuvait comme « vache qui pisse ». Décidément, notre journée-pensionnat était sous le signe de la flotte. Les photographes amateurs n'ont pratiquement pas pu prendre de photos. Un des dirigeants de la maison s'est institué photographe professionnel. Nous avons toutes été invitées à monter sur le perron pour une photo d'ensemble. Avec les parapluies, ce n'était guère pratique !

Le photographe comptait 1,2,3 on cachait les parapluies le temps de la photo et ensuite la même chose a été faite mais par groupe d'où les points de couleur sur les badges. Les rouges, les verts, les bleus … toujours sous une pluie battante. La plupart d'entre nous sommes parties pratiquement en courant, retrouver les voitures : je ne sais pas où étaient Alice et Françoise, beaucoup qui avaient laissé leur voiture près de l'église, montaient dans les voitures de celles qui pouvaient les prendre : c'était très folklo, mais absolument pas marrant, le vent soufflant par rafale avec la pluie qui tombait drue, faisait retourner certains parapluies, Emmanuelle m'avait dit : « reste au bord du chemin, je vais chercher la voiture » ne revenait pas, comble de bonheur, la grêle s'était mise de la partie, je me sentais trempée et j'avais l'impression qu'Emmanuelle n'arrivait pas à démarrer (effectivement, elle s'embourbait un peu) enfin elle est arrivée à ma hauteur et j'ai été drolement contente de me retrouver à l'abri des éléments déchainés !

Même si ce ne fut que pour quelques minutes cela a fait du bien, la salle où nous attendait le personnel de la Grande maison, nous serrait les mains quand nous entrions, et ils avaient hâte de nous servir.

C'était les moins handicapés qui faisaient le service, et l'on nous avait annoncé que c'était eux qui
avaient fait les entrées et le dessert ! Ils ont été très ovationés et il y avait parmi eux un meneur, qui
nous a obligés plusieurs fois à applaudir tout le mal qu'ils s'étaient donné ! Quand nous sommes
arrivées, beaucoup étaient déjà installées, J'ai fini par me loger entre les deux sœurs Ardeans,
Emmanuelle faisant face à Claudie et Thérèse Poutrain en face de moi, à côté de celle-ci la jumelle
Lener (la religieuse je crois) et en face d'elle, Marie-Paule Vitse éclatante : une abondante chevelure
d'un noir de jais qui n'a jamais connue les teinture, un visage lisse, (qui n'a jamais connu de crêmes)
légèrement halé ; elle portait une veste rouge, sur un chemisier blanc, qui rehaussait cette espèce de
jeunesse qu'elle gardait, le tout couronné d'un sourire éclatant ! Tu vois comme elle m'a marquée !!!
Le repas !
 Nous avons bien mangé :
 En entrée 
  saumon fumé garni d'un fromage aux herbes.
 En plat principal
blanquette de veau aux petits légumes,
(très bon, même si ce fut un peu long pour être servi.)
 En dessert
mousse au chocolat noir, avec un montage de gaufrettes,
Café
L'équipe des cuisines et pensionnaires du Château ,
à droite "le chauffeur de salle"

Ils ont été très applaudis ces jeunes et heureux de l'être.


Martine a ensuite fait un petit speech et a remis à une « ancienne : (elle avait 9 ans en 1939 au moment
où elle l'a écrite) une lettre qu'elle lui a fait lire, en lui disant que celle à qui elle était destinée à
l'époque était dans la salle. Elle s'est exécutée volontiers, ne se souvenant de rien ; mais, ce qui était
drôle, en tous les cas pour moi, c'était combien cela marquait une époque révolue ! D'abord, elle
vouvoyait sa correspondante et en plus, cela aurait pu être une adulte qui en soit l'auteur, tant le
français était châtié, dans le fond comme dans la forme.
Une autre de ces grandes anciennes s'est ensuite levée, pour faire l'apologie du travail de Martine,
pour la préparation de cette journée, qui déjà touchait à sa fin. Elle a donc demandé une salve
d'applaudissements pour celle qui l'avait bien méritée.




   Thérèse Poutrain et Alice

  Nicole Roquette








ça ne vous rappelle rien ??? 
Peu à peu, les tables se sont éclaircies. Beaucoup avaient du chemin à faire, comme Claudie Ardeans qui
rentrait à Paris. Beaucoup d'autres avaient du se grouper question voiture, ce qui pour moi expliquait
les départs en masse parfois, je pense à celle qui habitaient Lille, Roubaix ,Tourcoing et les alentours,
et nous avons à notre tour quitté les lieux.
Pour finir la journée en beauté...
.... Le soir à 19 heures, nous étions invitées chez Martine et Jean-Paul son mari, et nous voulions avoir le temps de nous reposer un peu avant d'y aller. Le retour au gîte fut beaucoup plus rapide qu'à l'aller : une demi-heure !

A l'heure dite, nous étions chez Martine, (c'est à 2 minutes du gîte), qui nous a accueillies avec son
chien, Jean-Paul nous attendait à l'intérieur. Martine nous avait dit que cela serait tout simple et nous
nous attendions à un apéritif- dinatoire...Il y avait bien un apéritif, mais la table était dressée pour le
repas ! Peu de temps après notre arrivée, Catherine, la sœur ainée de Martine est venue se joindre à
nous. Ce fut une soirée très agréable. J'ai bien admiré Martine, qui avait déjà tellement donné dans
l'organisation de cette journée du Centenaire, et qui trouvait encore le temps de nous recevoir pour un
repas. Mais que de souvenirs évoqués : du coup, elle avait sorti son album de photos, et fait un
paralleèle avec Blanche de Castille où elles avaient été avant d'aller à Callenelle, Elles avaient les
photos de classe chaque année, plus les noms de chaque élève par classe, ce qui faisait terriblement
défaut à Callenelle.
C'est pour cela qu'elle avait été à Paris à la maison des archives des Dames de Saint-Maur : il n'y avait rien concernant les élèves et les classes, seulement la notation des religieuses quant à leur
déplacements à gauche et à droite. Cela a été une grosse déception pour Martine qui voudrait
reconstituer les classes au moins à partir de notre époque, Mais c'est très difficile, car, en plus on
oublie. Personnellement, je me souviens surtout des filles marquantes de ma classe et comme la plupart du temps il y avait 2 cours dans les classes, difficile de faire le distingo ! On a papoté longtemps, et fini par se séparer vers minuit 30 une heure ! Mais, je garderai une très bon souvenir de cette soirée. De cette journée, je déplore de ne pas avoir rencontré plus de connaissances de celles qui étaient avec moi, et étant mariée loin du Nord, cela m'a un peu écartée des rencontres, alors que Martine et Catherine entretiennent depuis toujours des relations avec un groupe de fidèles, qui vont chez les unes et les autres !

Sûr, qu'aujourd'hui, je me sentais un peu perdue, mais j'avais la satisfaction d'avoir été jusqu'au bout
en allant à ce Centenaire et en grande partie c'est à toi que je le dois, Colette, et je t'en remercie,
mais je suis triste que tu n'aies pu être là, et de ne pas avoir encore pu faire ta connaissance, en vrai
comme disent les enfants !

Voilà Claudie. Merci pour les bons moments que tu nous as donnés et cette joyeuse prose que tu nous laisses